Le fond commun des traditions de Nice et des villages du Pays niçois, s’est lentement forgé à partir du lointain Moyen Age avec l’établissement successif de couches de populations stables et l’organisation administrative des Communautés.

Les fêtes religieuses et la vénération des différents saints protecteurs y tiennent une place essentielle. Nos Communautés avant tout rurales étaient administrées par des hommes de bon sens, soucieux de l’intérêt général et du bon gouvernement de la cité. Durant des siècles, affaires profanes et religieuses seront intimement mêlées dans les délibérations des officiers cooptés régissant les communautés. Il fallait se soumettre et faire face aux dures nécessités.


Dans le lent mouvement de l’histoire et l’évolution des comportements, à partir du début du XIXème siècle des tendances nouvelles vont se dessiner dans les règles de vie de nos ancêtres. Nous y voyons l’amorce de nos traditions actuelles, tout au moins de celles que nous nous plaisons à rappeler et si possible à maintenir. Ainsi, pour ce qui concerne les traditions turbiasques nous évoquerons:

Les «Mais» et la tradition
Les feux de la saint Jean
La Saint Roch
La fête patronale de la Saint-Michel
La cuisine turbiasque.

Les «Mais» et la tradition.

Pour nos ancêtres ruraux, vivant en étroite liaison avec le cycle diversifié des saisons, le mois de Mai était le plus beau de l’année.Il évoquait la force de la nature, la victoire de la vie.T ous les soirs de mai, après l’office religieux en l’honneur de la Vierge auquel ce mois était consacré, les gens tournaient le «Mai» autour d’un grand arbre orné de fleurs et chantaient des rondes locales.

L’interruption de ces soirées pendant le dernier conflit, puis les exigences de la circulation de la vie moderne conduisirent à la fin de ces divertissements populaires.
Toutefois, depuis quelques années les différents comités des fêtes de notre canton s’efforcent de donner un souffle nouveau à ces festivités en les ramenant dans les salles des fêtes et en présentant diverses attractions plus en contact avec les nouvelles mentalités de notre jeunesse, tels les concours de beauté et la désignation de miss.

Les feux de la Saint-Jean

Les 23 et 24 juin marquent le solstice d’été et les jours les plus longs de l’année. En notre village, la veille de la fête du saint, la population est conviée à se réunir place Saint-Jean.

Puis à l’issue d’un office religieux célébré en la chapelle Saint-Jean, on procède à l’allumage du feu dit de la Saint-Jean, avec farandoles et sauts au-dessus des flammes, à la grande joie des enfants, sous la vigilante attention des membres du corps des pompiers volontaires de la commune, en présence du Maire et des élus.

La Saint Roch

Saint Roch est un des saints protecteurs de La Turbie, sans doute le plus populaire. Aussi, c’est en cette chapelle, déjà évoquée dans notre patrimoine, qu’une cérémonie annuelle est organisée précisément le jour de la célébration de la fête du saint, le 16 août.

Après l’office religieux, les autorités, les estivants, les amis, se réunissent dans une propriété voisine autour d’un «buffet» généreusement garni des spécialités culinaires du terroir, offert par l’Association des résidents du quartier garante de la pérennité de cette tradition.

La Fête Patronale de la Saint-Michel

Comme dans la plupart des villages du Pays niçois, la fête du saint patron de la commune, dénommée aussi «le festin», constitue le temps fort de la vie de la cité. A La Turbie, Saint Michel est toujours honoré le jour même de la fête lithurgique, c’est-à-dire le 29 septembre.
Mais aussi, vu l’importance de l’événement les festivités débutent avant et se poursuivent après selon le calendrier, pendant plus d’une semaine. Le Comité des Fêtes, organisateur des festivités emploie toutes les ressources dont il dispose pour assurer le succès des manifestations.

Le jour de la saint Michel, les autorités municipales et leurs invités assistent à la grand-messe avec la cérémonie de l’Offerte traditionnelle remontant à la plus lointaine origine de la Communauté. A l’office de la grand-messe, l’abbat-mage, Président du Comité des Fêtes, présente la hallebarde, la pointe en haut, puis, d’un mouvement saccadé la pointe à l’épaule gauche, ensuite à son épaule droite, la renverse, la pointe vers le pavé, dans l’attitude de l’archange écrasant sous ses pieds lucifer qui grimace et le transperçant. Puis l’assistance, avec les autorités du canton, assiste à un apéritif d’honneur, actuellement servi en la salle des fêtes.

A La Turbie, les festivités débutent avec la distribution des «cocardes» à toute la population résidante, le dimanche précédant le 29 septembre. Le maintien de cette coutume revêt une grande importance pour le Comité des fêtes car c’est une visite de courtoisie que les équipes de bénévoles dévoués rendent à l’ensemble des habitants du terroir, avec son village et ses campagnes.

Puis, durant une large semaine, se poursuivent les différentes cérémonies mises au point par le Comité des fêtes organisateur, avec attractions foraines, spectacles divers, expositions culturelles, sonorisation et illuminations, épreuves sportives...

Saint-Michel, en notre modernité continue de s’inscrire comme le grand moment de la vie de notre commune, accueillante et au riche passé historique.
Elle constitue indéniablement le ferment nécessaire à la pérennité de notre cité d’art et d’histoire.

La tradition culinaire

La cuisine turbiasque fait partie intégrante des traditions transmises par nos ancêtres ruraux utilisant surtout les produits agricoles de leurs productions pour assurer leur alimentation.
C’est une cuisine familiale, spécifiquement niçoise, mais aussi avec quelques variantes purement locales.

Parmi les produits utilisés les légumes tiennent une place de choix; peu de viande, sauf le lapin. L’huile d’olive y joue un rôle essentiel, avec la farine de blé. La boisson locale par excellence étant le vin de production locale.

Parmi les spécialités ayant la préférence de nos expertes ménagères, souvent de véritables cordon-bleu nous avons:

  • Les raviolis et gnocchis, assaisonnés à la sauce tomate;
  • les tourtes de blettes et de courgettes;
  • les tians et barba jouan, en entremets;
  • le lapin sauté à la sauce tomate;
  • le ragout de stockfish, poisson importé de scandinavie;
  • la daube de boeuf aux pommes de terre;
  • les figues séchées comme dessert;
  • le panbagnat pour les déplacements journaliers dans les campagnes
  • les fruits du terroir: pêches de vigne, sorbes, amandes, prunes, pommes, poires, figues...
  • nèfles et kakis, pour le dessert, accompagnés de beignets.


Nourriture toujours saine et longuement cuisinée elle était de nature à assurer les joies des périodiques rencontres familiales. Toutes les cuissons se faisaient au feu de bois dans l’âtre de la grande cuisine, les repas servi en salle à manger.Mais aussi les familles se réunissaient dans les campagnes sous la tonnelle, à la belle saison et au temps des vendanges.