Article paru dans le n°2 de la revue « Recherches régionales »  des Archives départementales des Alpes Maritimes. - 1986

Pour    des   motivations   diverses   et   contradictoires   se   trouve   évoqué,   actuellement    de   façon   incidente,   le   "droit   de   bandite"  comme  si,   avec  ce   vocable,  on voulait faire resurgir de façon incantatoire un mystérieux grigri.
 
Peut-être faut-il voir dans les profondes transformations de notre commune de la Turbie depuis la fin de la dernière guerre l'explication de cet attrait porté aux « bandites », alors que la génération précédente, née au village, vivant paisiblement sa mutation, n'avait jamais eu l'occasion de se poser des questions, se contentant de toucher, annuellement, son "repart" auprès de la perception.
Dans un souci de connaissance de notre passé, nous avons abordé cette question ?- allant aux sources, c'est-à-dire aux documents d'archives. Alors on s'aperçoit que l'étude des "bandites" doit se placer dans le contexte général de l'évolution
historique de la vie d'une communauté rurale aux activités agricoles et pastorales.
Dans une première partie, à partir de l'établissement des fondements de la communauté de la Turbie, nous verrons comment a pris naissance et s'est exercé ce droit pendant la période de la jouissance directe du pâturage par les particu­liers, de 1655 à 1833.
Des modifications essentielles étant advenues dans le mode de gestion du pâturage et partant dans la pratique de ce droit, dans une deuxième partie nous en cernerons son évolution à partir de son apogée, coïncidant avec l'âge d'or de l'existence paysanne, au milieu du XIXe, jusqu'à son déclin et son abolition juridique en 1963.