1. Le «castro Torbia»

A partir d’un mur dressé au XIIème siècle, au-devant, avec les gros blocs de parement du Trophée des Romains ruiné par les déprédations succesives, à la puissante lenteur de l’époque, se sont élevées les premières bâtisses sur soubassement avec caves voûtées en arêtes d’ogives, délimitant des quadrilatères massifs, comme on peut encore le constater.

Ainsi, solides «Domus» et Trophée remodelés à la partie supérieure du site formaient le «Castrum» de l’époque médiévale sur la route qui de Gênes menait en Provence. C’est cet ensemble, véritable forteresse, le «Castro Torbia», érigé de 1125 à 1325 qui a été représenté dans l’ouvrage déjà cité du «Theatrum Sabaudiae» édité en 1682 en Hollande à la gloire des ducs de Savoie.

2. Définition à partir du cadastre de 1702

Ce document historique fondamental pour notre commune, désigné à l’époque « Il registro», nous permet d’avoir une première présentation du village historique médiéval, tel qu’il devait se présenter au début du XVIIIème siècle, avant le démantèlement du «forte» au printemps de 1705.

L’étranger qui venait de Menton par la seule voie romaine pénétrait dans le village après avoir franchi le portail Est s’ouvrant vers deux directions: par la rue montante «Incalat», allant directement au «Réduit», par la «strada dritta», la rue droite vers la sortie par le portail 0uest.
Le long de la rue Droite, à la partie inférieure, partaient vers le haut, en délimitant les deux quadrilatères massifs des bâtisses, le «carugge», étroit passage sous voûte -aujourd’hui supprimé- la «strada del Forno» (la rue du Four), «la strada del Portale» (la rue du Portail).
Nous avions l’unique point d’eau à l’intérieur «le Pozzo» au milieu de la rue (actuellement nommé «le Balaou dou Pous»)
A l’intérieur du village toutes les rues citées donnaient accès à «la Piazza di San Giovanni», la place Saint-Jean, véritable centre historique avec les deux chapelles, de «la Santa Vergine di Piétà», et «San Giovanni Battista».

Traversant un porche, par la «strada da Mitto», entourant la place Saint-Jean, on arrive au-devant du portail d’accès au «Réduit» avec machicoulis. Le portail franchi, nous accédons au «Recinto dello Torre» (Réduit de la Tour). Des maisons y sont construites à partir des murs - i barri - de l’enceinte médiévale.
Partant du portail du Réduit, vers la droite, par la rue Capouanne, on accède à la «Portetta», la Poterne Sud, voie principale pour se rendre à la petite église romane à l’extrémité Sud de l’enceinte du «forte».

Délimitant les quadrilatères massifs à l’intérieur «la strada del Cantoun», (rue Plane, puis actuellement rue Dominique Durandy) réunissait la rue du Four (actuellement rue Empereur Auguste) à la rue du Portail (actuellement rue comte de Cessole).

Pour le village, très refermé sur lui-même, on dénombrait alors une centaine de maisons désignées par «casa» ou «grotta», pour 1000 habitants, qualifiés dans un document de 1706 par «laboureurs et fort pauvres».

3. Ouvertures dans l’enceinte médiévale.

Lors de la construction de la nouvelle église Saint-Michel à l’extérieur immédiat du bourg, région dite de «la Portetta», entre 1764 et 1777, on réalisa une percée à l’extrémité du «Cantoun».
Au début du XIXème siècle, à partir du lieu «Detras», emplacement Nord, en bordure de la récente route impériale, (actuellement place Théodore de Banville), on ouvrit le portail Nord pour faciliter l’accès au Trophée d’Auguste.

Le quartier Saint-Esprit se bâtit à partir du milieu du XIXème siècle à côté de la chapelle extérieure de même nom, en même temps que se construisaient les premières maisons en bordure des voies d’accès au village.

4. Le village au début du XXème siècle et son aspect actuel.

Les nombreuses cartes postales du début du Xxème siècle nous montrent un aspect de La Turbie rurale. Les années avant la grande guerre de 1914/1918, puis dans la période de l’Entre-deux-guerres, les propriétaires turbiasques, par surrélévations, rénovations de façades, avec les travaux d’édilité, apportèrent de nombreuses modifications au village ancestral.

De 1947 à 1957, après le dernier conflit, furent conduits les travaux dits de «dégagement des abords du Trophée».
Les maisons de la rue de la Tour et côté Trophée de la rue Capouanne furent démolies. Des saignées furent pratiquées rue Comte de Cessole et rue Incalat, donnant au village l’aspect dégagé sous lequel il se présente aujourd’hui.

Ainsi, à partir du socle historique remontant au Moyen Age, le village actuel, entièrement renouvelé, habité, entretenu, se présente comme un espace de paix, vivant et agréable, animé souvent du cri joyeux des enfants.